Françoise Mbango: "le Cameroun n’est plus capable de produire des athlètes de niveau international
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C’est une double championne olympique épanouie et radieuse que la rédaction de MamAfrika TV a suivi pendant quelques jours à Yaoundé. Le moins qu’on puisse dire est que c’est une femme active que nous avons rencontré dans sa villa, localisée dans le Nord-ouest de la capitale Camerounaise. Nous profitons de son œil d’expert pour dresser le bilan de la participation de la Team Cameroon aux Jeux olympiques de Rio, de ses projets et de bien d’autres sujets encore.
Bonjour Françoise Mbango, Comment allez-vous ?
Françoise Mbango : Bonjour et merci de m’offrir l’opportunité de m’exprimer dans vos colonnes. Je vais bien merci.
Ça fait quelques années déjà que vous avez raccroché les pointes, comment vous sentez-vous alors que se tiennent actuellement les Jeux Olympiques de Rio ?
FM : Les Jeux Olympiques représenteront à jamais le point culminant de ma carrière. Je suis forcément émue lorsque je regarde les athlètes en compétition. J’ai suivi avec une attention particulière les performances de la délégation Camerounaise et j’ai regardé avec un intérêt certain le triple saut féminin, discipline qui m’a révélée au monde et fait de moi ce que je suis aujourd’hui. Mon record olympique n’a pas été battu à l’occasion de ces jeux. L’Afrique et le Cameroun détiennent toujours le record olympique. C’est une satisfaction personnelle.
Il y a plusieurs jours la délégation camerounaise s’est envolée à Rio sans vous, certains ont été surpris de votre absence, y-avait-t-il une raison objective à cela ?
FM : Il y a eu deux compétitions sportives majeures récemment. Les Jeux Africains d’Afrique Sud puis les JO maintenant. J’ai manifesté de façon constante et explicite auprès de qui de droit mon intérêt à m’investir aux cotés des athlètes afin de partager avec eux ma longue et riche expérience de ce type d’évènement. Mon pouvoir est d’offrir mes services, c’est à d’autres que revient celui de décider. C’est dans ce sens aussi que j’ai déposé au courant du mois de Juin soit deux mois avant le début des Jeux, une offre de service au Comité national olympique du sport camerounais. Cette offre n’a pas retenue leur attention. Cela ne me décourage pas bien au contraire puisque dans la foulée j’ai déposé d’autres offres de service dans d’autres administrations dont je tairais le nom pour l’instant. Que personne ne vous fasse croire que je ne m’investis pas, je ne demande qu’à m’investir pour transmettre aux jeunes mon vécu et mon expérience.
Quel a été l’accueil réservé à vos offres de service ?
FM : A ce stade, ce qu’il m’a été donné de constater, c’est que, toute Françoise Mbango que je suis, rien ne m’est acquis, certaines portes se sont ouvertes, d’autres se sont fermées. C’est la loi en affaires parait-il…. Cela étant dit, peu importe du reste le lieu où je me trouve, j’encouragerai toujours mes jeunes frères et sœurs. En les encourageant, c’est finalement le Cameroun que je sers comme je l’ai toujours fait. Avant les jeux, j’avais envoyé un message de soutien et d’encouragement à la délégation. C’est le même état d’esprit qui m’animait lorsque je suis allée encourager mes jeunes frères de la sélection nationale de football A’ de mon grand frère Rigobert Song Bahanag.
Il y quelques jours, j’ai participé à l’élection de Miss Cameroun, évènement qui célèbre à la fois la culture et la beauté de la femme Camerounaise. Hier encore, c’est à l’invitation de Mme Catherine Abena, ministre de la Promotion de la femme et de la Famille, que j’ai participé à une cérémonie célébrant la femme africaine.
Voyez-vous cher monsieur, je m’implique dans les causes qui me tiennent à cœur et les camerounais (es) devront s’habituer à me voir plus présente et plus active. Pour conclure, je profite de l’occasion que vous me donnez, pour informer tous les amateurs d’athlétisme et surtout les athlètes que je suis à leur service et qu’ils peuvent par conséquent, s’ils le souhaitent, me solliciter.
Mme Mbango quel bilan faites-vous de ces jeux olympiques ?
FM : Vous savez un bilan c’est toujours un exercice compliqué, mais utile. Il nous permet de façon structurée de comprendre ce qui a bien fonctionné, ce qui a moins bien fonctionné afin de définir des pistes d’améliorations. Chaque fédération devra faire le sien. Les dirigeants de la Team olympique devront aussi faire le leur.
Pour ce qui est du volet athlétisme, le constat à faire est simple, avec zéro médaille, c’est un échec, mais les athlètes ne sont aucunement en cause, ils ont fait ce qu’ils pouvaient avec les conditions dont ils disposaient. Je les félicite pour leur bel accomplissement et les invite à ne pas se décourager et à se remettre au travail.
Une fois qu’on l’a dit il faut se demander pourquoi, comment nous en sommes là.
Premièrement, il y a des données à considérer. De 2000 à 2016, le nombre d’athlètes ayant réalisé les minimas pour participer aux JO a diminué de plus de la moitié. Nous sommes passés de 10 en 2004 à 2 en 2012, 2016. Nous sommes passés d’une médaille d’or olympique en 2008 à zéro en 2012, 2016. Ce sont là pour moi les signes inquiétants d’un déclin qui si on y prend garde se poursuivra. Cela veut dire concrètement que le Cameroun n’est plus capable de produire des athlètes de niveau international. Nous devons essayer de comprendre pourquoi et prendre des mesures correctives.
Deuxièmement, si les athlètes ayant réalisé ces minimas ne bénéficient pas de l’encadrement optimal pour s’entrainer, pas lors de l’année olympique uniquement mais trois ou quatre ans avant, lorsqu’ils arrivent aux JO pour affronter les meilleurs au monde dans leurs disciplines respectives, sauf exploit, c’est mission impossible. Là également il faut essayer de comprendre pourquoi ils ne bénéficient jamais de conditions d’encadrement optimales prenant en compte les aspects physique, tactique et mental.
Certes c’est un bilan rapide, mais, j’attends des dirigeants de notre fédération qu’ils approfondissent ce travail d’analyse et de réflexion et qu’ils prennent les actions nécessaires pour entamer ce travail de reconstruction.
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